Cancer de la prostate, le dosage du PSA réduit bien la mortalité


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Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France, avec plus de 55 000 nouveaux cas par an. Il est la cause de 8 000 à 9 000 décès par an en France. Aujourd’hui une nouvelle étude confirme l’efficacité du dépistage sanguin.

Menée par des chercheurs américains – résultats publiés dans la revue spécialisée « Annals of Internal Medicine » – elle révèle que le dosage du PSA permettrait de réduire la mortalité par cancer de la prostate de 25 à 32 %.

« C’est une étude qui traduit la maturité du débat scientifique, car elle conforte le fait qu’il vaut mieux un diagnostic précoce et ne pas attendre qu’un cancer soit au stade métastatique pour le diagnostiquer» a déclaré le professeur Marc Zerbib, urologue à l’hôpital Cochin, dans le cadre d’une interview accordée au Figaro.

Pour François Desgrandchamps, chef du service d’urologie de l’hôpital Saint-Louis, cette nouvelle étude va peut-être mettre un terme au débat qui divise depuis tellement d’année la communauté médicale.


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Interrogé par le site Pourquoi Docteur,  et parce que plusieurs études contradictoires ont été publiées sur le sujet, il a déclaré : « Cette étude réanalyse les résultats de 2 études contradictoires. L’étude européenne disait qu’il fallait dépister car cela permettait de sauver vies, tandis que l’étude américaine affirmait qu’il ne fallait pas l’utiliser (…)cette nouvelle étude permet de remettre tout le monde d’accord.

Cancer de la prostate : ces études qui ont  jeté le trouble

Ces dernières années, plusieurs études et prises de position explicites en défaveur du dépistage systématique du cancer de la prostate par le dosage sanguin du PSA ont jeté le trouble.

En 2012 par exemple, une étude américaine en était arrivée à la conclusion qu’il n’existait aucun avantage en terme de survie (ou de mortalité) chez les patients présentant un cancer de la prostate dépisté par la technique du PSA. Elle avait consisté en une analysé des données de plus de 76 000 personnes vivant aux États-Unis et suivies durant une période de 13 ans.

Cancer de la prostate : une avancée majeure…

L’occasion de revenir sur une étude publiée juste avant l’été. Une avancée majeure dans le traitement du cancer de la prostate métastatique permettrait en effet une augmentation de 38 % des chances de survie ! Ses résultats pourraient venir modifier les standards de traitement des patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate qui étaient restés sans grand changement depuis 70 ans.

« Même si le cancer de la prostate est très sensible à une hormonothérapie, nous savons que les inhibiteurs de la testostérone n’éradiquent pas complètement toutes les cellules cancéreuses et qu’il reste une production d’hormone résiduelle. L’essai LATITUDE démontre que l’abiratérone, administrée dès la prise en charge du cancer en plus d’une hormonothérapie conventionnelle diminue d’environ 40 % le risque de décès et de plus de 50 % le risque de rechute du cancer après 2 ans et demi de suivi. Ces résultats majeurs vont changer la prise en charge des patients diagnostiqués d’emblée d’un cancer métastatique de la prostate » a expliqué début juin le Pr Fizazi, chef du département d’oncologie médicale de Gustave Roussy.

LATITUDE est une grande étude clinique comparative (double aveugle contre placebo), internationale et multicentrique (235 centres répartis dans 34 pays), de phase III à laquelle 1200 patients ont participé entre février 2013 et décembre 2014. Son objectif était de mesurer le bénéfice de l’abiratérone sur la survie globale et la survie sans progression du cancer chez des patients nouvellement diagnostiqués d’un cancer métastatique de la prostate. Promu par le laboratoire Janssen, le Pr Fizazi est l’investigateur principal de cet essai.

Avant 2015*, les patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate étaient classiquement traités par hormonothérapie conventionnelle afin d’inhiber la fabrication de la testostérone par les testicules. Dans cette étude les patients ont reçu au hasard, en plus du traitement de référence (hormonothérapie conventionnelle), soit de l’abiratérone qui est une hormonothérapie de nouvelle génération qui empêche la production d’hormones androgènes par les glandes surrénales et la cellule cancéreuse elle-même, soit un placebo. La prednisone était associée à l’abiratérone pour compenser les principaux risques de ce médicament (hypertension artérielle et diminution du taux de potassium dans le sang). Les résultats ont démontré que l’ajout de l’abiratérone à l’hormonothérapie conventionnelle améliore non seulement considérablement le pronostic de ces patients (survie globale et survie sans progression de la maladie) mais aussi l’ensemble des complications liées à la maladie. La survenue de complications osseuses (douleurs, fracture, compression médullaire due à l’envahissement tumoral d’une vertèbre) sont décalées dans le temps.

L’abiratérone possède une AMM depuis 2012. Elle est utilisée actuellement comme arme de rattrapage chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique devenu résistant à l’hormonothérapie conventionnelle et en rechute avant ou après une chimiothérapie. « L’avantage de ce médicament est qu’il s’agit d’un traitement oral qui est habituellement bien toléré. Ces importants résultats sont une très bonne nouvelle pour ces patients et nous pensons que le bénéfice sera encore meilleur avec un suivi plus long » espère le Pr Fizazi.

D’autres résultats d’un essai clinique anglais de phase III testant le même médicament sont attendus. La prochaine étape est l’étude européenne PEACE-1 promue par UNICANCER et dirigée par le Pr Fizazi qui évalue l’adjonction de l’abiraterone à un traitement « de base » renforcé comportant hormonothérapie conventionnelle et chimiothérapie. Les premiers résultats sont attendus à partir de 2020.

* En 2015, trois grands essais cliniques français, anglais et américains ont démontré le bénéfice de l’ajout d’une chimiothérapie au traitement hormonal dès le diagnostic d’un cancer métastatique de la prostate

Les explications du Pr Karim Fizazi en vidéo

Le Pr Karim Fizazi de Gustave Roussy a présenté à l’ASCO 2017 les résultats d’une étude montrant que l’administration d’emblée d’abiratérone, en plus d’une hormonothérapie conventionnelle, augmentait d’environ 40% les chances de survie des patients atteints de cancer de la prostate métastatique.

Crédit/source : communiqué de presse Gustave Roussy