ANNONCES
Aussi incroyable que cela puisse paraître, une hausse significative des signalements d’intoxications pédiatriques au cannabis est observée en France depuis l’an dernier. Pire encore ces intoxications touchent principalement les enfants de moins de 2 ans. On marche vraiment sur la tête !
Pourquoi ? Comment ? Selon l’agence française du médicament, ces intoxications font dans la plupart cas suite à l’ingestion accidentelle de cannabis dans l’environnement familial.
D’où l’alerte lancée cette semaine par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle s’adresse aux professionnels de santé mais aussi au grand public. Elle est relative à la sous-estimation des dangers liés à l’ingestion de cannabis et sur la gravité de ces intoxications qui conduisent très souvent à une hospitalisation de plus de 24 heures.
ANNONCES
L’ANSM recommande par ailleurs d’effectuer une analyse toxicologique en présence de troubles respiratoires (apnée) ou neurologiques (somnolence, ataxie, tremblements) inexpliqués.
Pour mieux comprendre, voici une brève analyse des données disponibles
Au total, le réseau d’addictovigilance a rapporté 140 notifications d’intoxications pédiatriques au cannabis entre 2010 et 2014, dont 59 pour la seule année 2014. La grande majorité concerne des enfants de moins de 2 ans. Parmi ces notifications, 120 ont débouché sur des hospitalisations de 24 heures ou plus, avec 9 cas graves, correspondant à des situations ayant mis en jeu le pronostic vital et entraîné une admission en réanimation pédiatrique ou en soins continus. L’évolution de ces cas a été favorable et à ce jour aucun décès n’a été rapporté. Les manifestations cliniques décrites ont été des troubles cardiaques, ventilatoires et neurologiques.
Les données de la base nationale du PMSI ont également montré une augmentation du nombre d’hospitalisations en relation avec le cannabis chez les enfants de moins de 10 ans, majoritairement chez les moins de 2 ans, avec 615 cas, survenus principalement en 2013 (151 cas) et 2014 (247 cas). On observe une forte disparité régionale, les zones les plus touchées étant l’Ile-de-France et celles du sud (PACA, Rhône-Alpes).
Les investigations ont montré que les intoxications surviennent le plus souvent dans un cadre familial ou au sein de l’entourage proche.
Cette hausse des intoxications pédiatriques se fait en parallèle de l’augmentation de la consommation de cannabis dans la population générale et sans doute également de celle des teneurs en tétrahydrocannabinol (THC) du cannabis qui sont de plus en plus élevées. Les moyennes des teneurs en THC ont ainsi été multipliées par 3 environ depuis 15 ans pour atteindre, en 2013, 17,4 % dans la résine et 12,6 % dans l’herbe.
A l’échelle internationale, cette augmentation des intoxications pédiatriques au cannabis semble être observée en Espagne, aux Etats-Unis, au Maroc, en Israël et en Italie.
Ce que préconise l’ANSM
Au vu de ces résultats, l’ANSM attire l’attention des professionnels de santé et du grand public sur les risques que présente l’ingestion de cannabis par le nourrisson ou l’enfant.
En cas d’ingestion ou de suspicion d’ingestion de cannabis, les structures d’urgences (Samu Centres 15) doivent être immédiatement prévenues. Les principaux signes cliniques retrouvés au cours d’une intoxication aiguë au cannabis peuvent être une somnolence avec des phases d’agitation, des vomissements, des tremblements, des convulsions, une détresse respiratoire, voire un coma.
L’ANSM invite également les professionnels de santé, devant des troubles neurologiques ou respiratoires inexpliqués chez un enfant ou un nourrisson à faire effectuer une analyse toxicologique pour rechercher la présence de cannabis.
L’ANSM rappelle qu’en vertu de l’article L3421-1 du Code la santé publique la consommation de cannabis est interdite en France.