Comportements addictifs au travail : un site pour mieux les prévenir…


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Il y a une quinzaine de jours environ la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) nous alertait sur un sujet bien trop tabou : les conduites addictives dans le monde du travail. De plus en plus d’actifs se dopent pour « mieux » travailler.

Face à des chiffres alarmants – 20 millions de personnes seraient concernées en France – et pour mieux prévenir les comportements addictifs au travail, un portail destiné à sensibiliser le plus grand nombre vient d’être lancé parce que les pouvoirs publics ont pour rôle d’inciter les milieux professionnels à renforcer le rôle protecteur du travail, en tant que facteur de santé, d’épanouissement et de valorisation des compétences.

Comportements addictifs au travail : des chiffres préoccupants

La population en activité est aujourd’hui concernée par des niveaux élevés de consommations de substances psychoactives. Pour certains produits tels que le tabac et les médicaments psychotropes les taux sont supérieurs à la prévalence observée en population générale : 30,5% des actifs occupés fument quotidiennement contre 29 % en population générale 18-75 ans ; 16,7 % des actifs occupés ont consommé des médicaments psychotropes dans l’année contre 13% de la population française qui a eu au moins un remboursement dans l’année de benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères).

Concernant l’alcool, 18,6% des actifs occupés ont eu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante (API) dans le mois contre 17% en population générale.


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S’agissant du cannabis et de la cocaïne on constate une forte évolution de la consommation des actifs occupés: 9% ont consommé du cannabis dans l’année en 2014. Ce taux était de 6,5% en 2010. La cocaïne concerne peu de personnes en pourcentage des actifs occupés mais son usage est en augmentation : 0,5% en 2005, 0, 8% en 2014.

Dans une de ses publications, l’Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie rappelle qu’une enquête auprès de directeurs de ressources humaines et de dirigeants a mis en évidence que 6 dirigeants sur 10 ont déjà été confronté à des problèmes de consommation excessive d’alcool chez leurs employés, et près de 4 sur 10 dans les 12 derniers mois.

Au-delà des conséquences des consommations de substances psychoactives sur les accidents du travail(10 à 20 % des accidents du travail seraient liés à l’alcool selon les derniers chiffres connus de l’expertiseINSERM de 2003), les dommages individuels et collectifs en termes de santé et de qualité de vie au travail, sur le bien-être, le climat social et la performance des organisations nécessitent une prise en compte effective des conduites addictives en milieu de travail.

Un nouveau site de référence innovant, gratuit et ouvert à tous, qui recense les bonnes pratiques

La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et le ministère du travail ont soutenu l’initiative du Fonds Actions Addictions (F2A) de créer un site de référence, qui rassemble et organise les informations sur les bonnes pratiques en matière de prévention et de prise en charge des conduites addictives en milieu de travail : le portail www.addictaide.fr/travail, est une initiative originale et innovante qui concrétise la volonté de faire de la prévention dans les milieux professionnels un objectif prioritaire, en s’appuyant sur des données objectives et les évolutions de la recherche. Ce nouveau site bénéficie de la dynamique et du succès du portail généraliste “Addict’Aide, le village des addictions” lancé en avril 2016 par F2A.

Sur ce portail, chacun pourra consulter de façon anonyme et gratuite les informations dont il a besoin, soit à titre professionnel soit à titre personnel, afin de s’informer sur :

– les méthodes de prévention et de prise en charge des addictions
– la problématique des addictions dans le contexte du travail : les secteurs et les catégories professionnels concernés, les facteurs, les effets et les risques (données statistiques, scientifiques, médicales, juridiques…)
– les bonnes pratiques, guides, méthodes et démarches utiles (repérage,contrôle,sensibilisation, formation, parcours d’évaluation et de soins, annuaires…)

Les acteurs concernés

– Les chefs d’entreprises, dirigeants et cadres (secteur privé et public)
– Les salariés, agents et autres personnels
– Les partenaires sociaux
– Les services de santé au travail , les techniciens et préventeurs
– Les prestataires et intervenants (formation et préventio n en entreprise)
– Les chercheurs
– Les organismes de prévoyance, mutuelles et complémentaires .

Les données de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca)

Selon les données de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), pas moins de 20 millions d’actifs seraient concernés en France par des conduites addictives au travail.

« De plus en plus d’actifs ont une utilisation de différents produits, soit pour tenir, soit pour dormir ou récupérer, soit pour se construire une identité professionnelle. Il ne s’agit pas de consommation pour se mettre en marge, mais pour rester dans le match »a déploré Gladys Lutz, présidente de l’association Addictologie et Travail (Additra).

Il faut savoir que d’après les grandes enquêtes nationales (Baromètre Santé de l’Inpes, 2005 et 2010 dans Ofdt, 2013), les consommations en population générale de produits psychotropes sont en augmentation globale (Ofdt, 2008, 2010, 2013). Analysées, produit par produit : médicaments, alcool, tabac, cannabis et cocaïne, les données apparaissent plus variables.

D’autre part sachez que la France est l’un des pays les plus consommateurs de médicaments psychotropes d’Europe, cette consommation est en nette augmentation pour les analgésiques (paracétamol, ibuprofène, codéine, tramadol, morphine, etc.) et notamment les dérivés d’opiacés (codéine, morphine, etc.), et les régulateurs de l’humeur (Inserm, 2012). En France, le rapport 2014 de l’Agence nationale pour la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, 2014) indique d’ailleurs que ces deux classes de psychotropes sont les médicaments les plus vendus : les analgésiques (740 millions de boîtes vendues en officines en 2013) et les psycholeptiques (somnifères, régulateurs de l’humeur, etc. ; 164 millions de boîtes). Viennent ensuite les antibiotiques (134 millions de boîtes).

En milieu professionnel, et dans ces mêmes grandes enquêtes nationales, certains actifs ont déclaré consommer, ou avoir augmenté leur consommation, du fait de problèmes liés à leur travail ou à leur situation professionnelle.

Plusieurs secteurs d’activité s’avèrent liés à des usages de substances psychoactives : il s’agit du secteur des transports et du secteur agricole, de la pêche et de la marine, ainsi que des métiers des arts et du spectacle. D’autres secteurs apparaissent aussi plus consommateurs que les autres : la construction, la restauration ou l’information / communication.