Alzheimer : l’immunothérapie pour inverser les effets de la maladie ?


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©Inserm/Latron, Patrice

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Et si l’immunothérapie permettait d’inverser les effets de la maladie d’Alzheimer ? Une importante découverte et un espoir important pour les patients qui sont le fruit du travail de chercheurs français de l’Inserm et du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives).

L’implication du système immunitaire dans les maladies neurologiques suggère que l’immunothérapie, qui a montré son efficacité dans le domaine du cancer et des maladies auto-immunes, a également un intérêt majeur dans le traitement des  maladies neurodégénératives. C’est ce que montrent les équipes de Nathalie Cartier-Lacave (Directrice de recherche Inserm, Unité mixte Inserm-CEA 1169 « Thérapie génique, génétique, épigénétique en neurologie, endocrinologie, cardiologie et développement de l’enfant ») et de David Klatzmann (Directeur de l’Unité mixte Inserm-Université Pierre et Marie Curie 959 « Immunologie, immunopathologie, immunothérapie » et chef du service de biothérapies à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP) ) dont les travaux sont publiés ce jour dans la revue Brain. Les chercheurs  ont prouvé qu’une molécule du système immunitaire appelée interleukine-2 (IL-2), est capable de contrôler l’inflammation dans les cellules du cerveau, en cause dans les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et de rétablir des fonctions cognitives altérées dans le modèle animal.

Il existe de nombreuses interactions entre le système nerveux central et le système immunitaire. Les cellules du système immunitaire circulent dans le cerveau et peuvent jouer un rôle – direct ou indirect – dans les maladies neurologiques. Ainsi, un rôle direct est démontré dans la sclérose en plaques et un rôle indirect est retrouvé à travers l’inflammation. La neurodégénérescence entraîne une neuroinflammation qui contribue à amplifier la neurodégénérescence initiale, générant un cercle vicieux qui aggrave la pathologie. Dans la maladie d’Alzheimer, le peptide amyloïde β (Aß) s’agrège dans les plaques séniles extracellulaires autour desquelles s’accumulent des astrocytes réactifs et des cellules microgliales activées. Ces cellules contribuent à dissoudre ces plaques et secrètent des cytokines qui régulent l’intensité de la réponse immunitaire du cerveau.

Or, des travaux récents ont montré que les souris déficientes en IL-2 ont des facultés d’apprentissage et de mémoire affaiblies qui rappellent la maladie d’Alzheimer (MA). De plus, l’IL-2 est actuellement en évaluation dans le traitement de plusieurs maladies auto-immunes pour sa capacité à stimuler les lymphocytes T régulateurs (Tregs) dont le rôle est de contrôler l’inflammation.


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Les auteurs ont tout d’abord mis en évidence une diminution importante des taux d’IL-2 dans des biopsies cérébrales de patients décédés de la maladie d’Alzheimer. Cela les a conduits à évaluer le potentiel thérapeutique de cette molécule dans un modèle de maladie d’Alzheimer chez la souris. Les souris ont été traitées à un stade où elles avaient déjà des atteintes cérébrales. Ce traitement chronique (a induit une expansion et une activation des lymphocytes T régulateurs dans le cerveau, et entraîné une réduction des plaques amyloïdes.

Les chercheurs montrent que cette diminution de la « charge » amyloïde s’accompagne d’un important remodelage tissulaire marqué par une amélioration de la structure et de la fonction des synapses. Cette amélioration est synonyme de récupération des déficits de mémoire.

Alors que les souris non traitées échouaient dans les tests de mémoire,  les souris traitées avaient des résultats comparables aux souris normales. Ces effets bénéfiques sur les plaques amyloïdes et la plasticité synaptique s’accompagnent, autour des plaques, de l’activation des astrocytes, ces cellules dont le rôle protecteur a été identifié dans la maladie d’Alzheimer.

« Ce travail fait la preuve de l’intérêt des immunothérapies pour le traitement de la maladie d’Alzheimer, et notamment de l’intérêt de l’interleukine-2, estiment les auteurs. Ce traitement s’attaque aux conséquences de la maladie, la perte des synapses et les symptômes cognitifs qui l’accompagnent. Son potentiel thérapeutique devra maintenant être évalué chez l’homme », concluent-ils.

Communiqué : Salle de presse INSERM. Légende de la photo : Béatrice Clémenceau de l’équipe 8 « Sélection et modifications fonctionnelles des lymphocytes T pour l’immunothérapie. Etude des lymphocytes T capables d’ADCC ». Conservation de cellules de patients dans l’azote liquide au laboratoire de l’unité 892 « Centre de Recherche en Cancérologie Nantes – Angers ».

CC0 Public Domain /Pixabay

Alzheimer : 32% des Français ne savent pas qu’il existe des moyens de prévention

Ces travaux sont, en cette fin d’année 2016, l’occasion de revenir sur une autre actualité liée à la maladie : un sondage paru en septembre dernier et portant sur la connaissance par les français des moyens de prévenir à la maladie.

L’Observatoire B2V des Mémoires a ainsi réalisé, en partenariat avec l’IFOP, une étude portant sur « Les Français et la prévention de la maladie d’Alzheimer » [*] pour connaître l’état des connaissances du grand public sur le sujet

32% DES FRANÇAIS NE SAVENT PAS QU’IL EXISTE DES MOYENS DE PRÉVENTION CONTRE LA MALADIE D’ALZHEIMER QUI CONCERNE 850 000 PERSONNES EN FRANCE.
PARMI LES FRANÇAIS INFORMÉS DE L’EXISTENCE DE FACTEURS PROTECTEURS, PLUS DE 50% NE LES CONNAISSENT PAS PRÉCISEMENT.

Le constat est sans appel, il existe une large méconnaissance des Français sur les possibilités de prévention de la maladie d’Alzheimer ! Pour 32% des Français, la maladie d’Alzheimer est une fatalité et pour ceux qui pensent qu’il existe des moyens de prévention, 58% ne savent pas exactement lesquels. Seuls 10% affirment connaître des moyens de prévention.

Concernant les moyens préventifs de la maladie d’Alzheimer, 78% des Français placent en premier lieu la pratique d’une activité physique. À juste titre puisque des essais cliniques ont démontré que la pratique régulière d’une activité physique améliore la cognition chez les personnes âgées.

58% des Français pensent qu’une vie sociale riche prévient la maladie d’Alzheimer. En effet, plusieurs facteurs psychosociaux peuvent être protecteurs de la maladie, comme une activité professionnelle complexe, un haut niveau d’éducation, une activité intellectuelle stimulante et un engagement social. De nombreuses études ont par ailleurs démontré que la qualité des relations sociales, plus que la quantité, est associée à la diminution du risque.

Enfin, seuls 20 % des Français citent une alimentation saine comme facteur préventif, c’est trop peu.Cette méconnaissance est encore plus significative chez les jeunes pour qui l’alimentation n’apparaît pas comme un facteur protecteur pour plus de 90% des sondés.

« Pourtant, plusieurs études ont bien montré que les personnes qui ont un régime alimentaire de type méditerranéen, c’est à dire un régime alimentaire riche en fruits et légumes, en poissons et pauvre en viandes, ont tendance à développer moins la maladie d’Alzheimer. Notons que les jeunes en particulier, en grande très majorité, négligent les effets positifs d’une alimentation équilibrée sur le bon fonctionnement de notre cerveau, un constat qui fait écho à certains comportements alimentaires chez les jeunes qui sont loin d’être satisfaisants » souligne le Professeur Hélène Amieva, Membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires.

Cette enquête invite donc à poursuivre les efforts de sensibilisation du grand public. Si les 18-24 ans restent les plus confiants sur l’existence de moyens de prévention (78%), il est important d’informer le public sur l’ensemble des facteurs de risque et des facteurs protecteurs de la maladie.

« Il est important de souligner que prévenir la maladie d’Alzheimer, ce n’est pas seulement agir sur des facteurs protecteurs, c’est aussi « contrôler » certains facteurs de risque qui pourraient être évités (hypertension, hypercholestérolémie, diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, tabac, alcool, troubles du sommeil…) » nous indique le Docteur Panchal, directrice scientifique de l’association LECMA-Vaincre Alzheimer.

La Semaine de la Mémoire  a eu lieu à Bordeaux et sa région du 19 au 25 Septembre 2016. C’est une des actions centrales menées par l’Observatoire B2V des Mémoires dédiée à l’exploration de la mémoire sous toutes ses formes dont les objectifs sont de :
– Réunir d’éminents spécialistes de la mémoire
– Diffuser la connaissance autour de la mémoire humaine
– Vulgariser les savoirs
– Permettre au grand public et aux médias d’avoir accès aux recherches et aux découvertes
– Valoriser un enjeu sociétal majeur
A l’occasion de cet événement, le Groupe B2V souhaite apporter une meilleure compréhension des mémoires humaines. De nombreuses conférences sont organisées autour des différentes formes de mémoire :
– Maladie d’Alzheimer, les raisons d’espérer
– Faux souvenir, hypermnésies et manipulation de la mémoire
– Mémoire & Traumatisme avec la présence exceptionnelle de Boris Cyrulnik
– La mémoire à différents états de conscience
– 13 novembre : un programme de recherche inédit sur la mémoire des attentats et beaucoup d’autres conférences…

L’enquête a été menée, du 29 août au 1er septembre 2016, auprès d’un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

©Inserm/Stéfan Catheline
©Inserm/Stéfan Catheline

Alzheimer : des souvenirs de nouveau accessibles?

L’occasion de revenir sur une étude publiée au printemps dernier et selon laquelle les souvenirs des malades ne disparaissent pas mais sont simplement nichés dans des zones inaccessibles du cerveau

Et c’est en menant une étude sur des souris de laboratoire qu’ils en sont arrivés à cette conclusion. Au cours de cette expérience ils ont infligé des décharges électriques dans le cerveau de deux groupes de souris : des souris « saines » d’une part; des souris qui avaient été modifiées afin de présenter les symptômes de la maladie d’Alzheimer d’autre part. Elle a été renouvelée au bout de 24 heures.

Constat : les souris saines ont manifesté leur peur, contrairement aux souris modifiées. C’est ensuite que les scientifiques se sont intéressés à la zone du cerveau associée aux souvenirs… une zone qu’ils ont stimulé à l’aide de lumière bleue.

Une bonne nouvelle certes mais que les auteurs de l’étude ont aussitôt tempéré rappelant que la transposition de ce « traitement » sur des êtres humains paraissait, dans l’état actuel des choses, assez compliquée à mettre en oeuvre. Les scientifiques n’ont toujours pas au point un système similaire pour stimuler le cerveau humain.

Un véritable lueur d’espoir alors que plus de 800 000 personnes sont touchées par cette maladie et 3 millions de personnes sont directement concernées par ses effets dans leur vie quotidienne…