ZIKA : des moustiques génétiquement modifiés pour éradiquer le virus ?


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CC0 Public Domain/Pixabay
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Alors que la Floride a récemment enregistré ses premiers cas de contamination par le virus ZIKA, l’agence américaine du médicament vient d’autoriser sur cet état un lâcher de moustiques génétiquement modifiés. Développés par la société britannique Oxitec, ils répondent au doux nom de « OX513A » et ne présentent aucun danger pour l’environnement nous promet-on.

Quel est objectif de ce lâcher ? Que ces moustiques génétiquement modifiés s’accouplent avec des femelles Aedes aegypty sauvages. Aedes aegypty KEZAKO ? Il s’agit de la principale espèce de moustique vecteur pour le virus Zika et ceux de la dengue, du chikungunya et de la fièvre jaune.

Si tout fonctionne comme prévu, l’accouplement devrait donner lieu à des moustiques à l’espérance de vie très courte. Ils sont censés mourir avant de pouvoir se reproduire à leur tour.

Seuls les mâles sont lâchés, et il n’y a donc pas d’incidence sur la transmission de la maladie car seules les femelles piquent l’être humain. Une fois libérés, ils se reproduisent avec des femelles sauvages et transmettent ce gène aux générations futures.

Comme le précise l’OMS sur son site internet, des essais ont déjà eu lieu au Panama, dans les Iles Caïmans, à Piracicaba (État de São Paulo, Brésil) mais aussi à Rio de Janeiro, ville où les Jeux olympiques se déroulent actuellement.


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Et les premiers résultats sont plutôt encourageants. D’après Oxitec, les 5 essais à petite échelle menés au Brésil, aux Îles Caïman et à Panama ont entraîné une réduction de plus de 90% des populations de moustiques.

Le saviez-vous ?

Le virus du Zika se transmet d’homme à homme par l’intermédiaire d’une piqure du moustique du genre Aedes dont Aedes aegypti et Aedes albopictus. Lors d’une piqure, le moustique prélève le virus sur une personne infectée. Après un délai d’incubation chez le moustique de l’ordre de quelques jours et à l’occasion d’une autre piqure, le moustique peut transmettre le virus à une personne saine.

Symptômes de l’infection à virus zika : Dans une très grande majorité des cas, la maladie provoque peu de symptômes ou même l’absence de symptôme. L’évolution est le plus souvent rapidement favorable avec une guérison spontanée en 2 à 7 jours.

Lorsque des symptômes apparaissent, ils sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées et se manifestent dans les 3 à 12 jours qui suivent la piqûre par le moustique.

Le Zika peut également se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un œdème des mains et/ou des pieds. La fièvre apparaît peu élevée et transitoire.*

Des anticorps efficaces ont été identifiés contre le virus de la dengue et le virus Zika

L’occasion de revenir sur une étude publiée au début de l’été et selon laquelle ont été identifiés des anticorps efficaces capables de lutter à la fois contre le virus de la dengue mais aussi contre le virus Zika.

Une excellente nouvelle fruit du travail d’une équipe internationale composée de chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS[1], en collaboration avec l’Imperial College (Londres) et avec l’Université de Vienne (Autriche).

Selon les recherches qu’ils ont effectué ces anticorps auraient la faculté de neutraliser les deux virus. La description du site de fixation de ces anticorps sur l’enveloppe virale, identique chez les deux virus, laisse envisager la mise au point d’un vaccin universel capable de protéger simultanément contre la dengue et la maladie à virus Zika. Les résultats complets de ces recherches ont été publiés dans la revue Nature, le 23 juin 2016.

« Nous voulions voir si les anticorps isolés dans le cas de la dengue étaient capables de neutraliser d’autres virus de la famille des flavivirus, et Zika semblait être le meilleur candidat », expose Félix Rey, responsable du laboratoire de Virologie structurale à l’Institut Pasteur.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont donc sélectionné deux anticorps capables de stopper la prolifération du virus de la dengue – ces anticorps ayant été préalablement isolés chez des patients infectés par la dengue – et les ont présentés au virus Zika. L’un de ces anticorps s’est alors montré particulièrement efficace pour neutraliser le virus Zika, et même plus efficace que pour la dengue, l’empêchant d’infecter les cellules avec lesquelles il était en culture. « Découvrir que le virus de la dengue et le virus Zika sont si proches que certains anticorps produits contre le virus de la dengue neutralisent aussi le virus Zika était totalement inattendu », souligne Félix Rey.

Les chercheurs ont alors entrepris une étude cristallographique pour identifier le site de fixation des anticorps sur le virus Zika, et plus précisément sur les protéines de son enveloppe. Des cristaux renfermant le complexe « anticorps – protéine d’enveloppe » ont été produits grâce à la plate-forme de cristallogenèse de l’Institut Pasteur. C’est ensuite à l’aide des puissants rayons X des synchrotrons de Saclay et de Grenoble que les chercheurs ont pu reconstituer en 3D l’endroit précis où l’anticorps vient se fixer sur la protéine d’enveloppe.

Il s’est alors avéré que le site de fixation des anticorps était le même sur le virus Zika que sur le virus de la dengue, ce qui laisse envisager la production d’un vaccin qui stimule la production d’anticorps capables de se fixer et de neutraliser deux types de virus à la fois. Si, jusqu’à récemment, le virus Zika n’était pas considéré comme dangereux, certains cas de complications neurologiques, de type syndrome de Guillain-Barré, ont été constatés au Brésil et en Polynésie française chez des personnes infectées. Par ailleurs, ce virus est à l’origine de graves anomalies du développement cérébral chez le fœtus (microcéphalie), entraînant un retard mental irréversible. « Les anticorps pourraient par exemple être utilisés pour protéger les femmes enceintes risquant de contracter le virus Zika. Car aujourd’hui, il n’existe aucun vaccin ni aucun traitement pour cette maladie », conclut Félix Rey.

Ces travaux ont été financés par les institutions citées ci-dessus ainsi que par le programme cadre européen (FP7) DENFREE, le LabEx IBEID (Integrative Biology of Emerging Infectious Diseases), et le FlaviStem (ANR/FWF).

Communiqué de Presse Institut Pasteur
[1]Les laboratoires impliqués sont :Virologie (CNRS/Institut Pasteur) Hôtes, vecteurs et agents infectieux : biologie et dynamique (CNRS/Institut Pasteur).
OMS