Quand des ados abusent de médicaments contre le mal des transports


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DarkoStojanovic/CC0 Public Domain/Pixabay
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Le phénomène est tout sauf nouveau mais il revient à la UNE de l’actu suite à la nouvelle mise en garde lancée par l’Agence Nationale de sécurité du Médicament. Elle s’adresse plus particulièrement aux professionnels de santé et notamment aux pharmaciens. En voici le contenu..

Les jeunes (ndrl : adolescents et jeunes adultes) ont trouvé le moyen de détourner certains médicaments qui sont prescrits contre le mal des transports. Sauf qu’aujourd’hui, et de plus en plus souvent, ils sont utilisés à des fins récréatives. D’où le cri d’alarme lancé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui souhaite mettre en garde les professionnels de santé sur ces abus.

Sont notamment concernés la diphénhydramine (Nautamine) et le diménhydrinate (Mercalm, Nausicalm), des antihistaminiques H1 de première génération indiqués dans « la prévention et le traitement du mal des transports ». Nausicalm est également indiqué dans le « traitement symptomatique de courte durée des nausées et des vomissements non accompagnés de fièvre ». Trois spécialités, et c’est peut-être là que le bas blesse, qui ne sont pas soumises à une prescription médicale obligatoire.

Le saviez-vous ? Une enquête officielle d’addictovigilance à ces spécialités a été récemment menée suite à la notification de plusieurs cas d’abus auprès du réseau des Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP). Les résultats de cette enquête ont permis de révéler que, sur la période allant du 1er janvier 2003 au 31 mai 2014, 59 observations avaient été notifiées au réseau des CEIP.

Il s’agissait de surconsommation possible ou probable (25 cas), d’abus (21 cas), de dépendance (11 cas), de mésusage (4 cas) et d’un syndrome de sevrage (1 cas). Dix cas graves ont été rapportés dont un décès de cause inconnue d’un homme ayant une consommation abusive de Mercalm®. Quatre cas de soumission chimique dans un contexte d’agression sexuelle ont été signalés dont 2 en 2014. Des cas d’abus et de dépendance ont également été rapportés en Europe et aux Etats-Unis, et décrits dans la littérature.

Les effets non recherchés associés sont les suivants : un syndrome de sevrage, un syndrome atropinique, des troubles de la mémoire, des hallucinations, des tremblements, une agitation, une tachycardie et une douleur thoracique.

Considérant le risque d’abus, de dépendance et d’usage détourné des médicaments contenant de la diphenhydramine et du dimenhydrinate ainsi que les cas d’abus et d’usage détourné rapportés, la Commission
des stupéfiants et psychotropes de l’ANSM, a rendu un avis favorable à :
· l’ajout d’une mise en garde sur le risque d’abus dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) des spécialités à base de dimenhydrinate (Nausicalm® et Mercalm®) comme cela est déjà le cas dans le RCP de la spécialité Nautamine® ;
· la radiation de la liste des médicaments en accès direct à l’officine des spécialités à base de diphenhydramine et de dimenhydrinate utilisées en tant qu’antinaupathique ;
· la diffusion d’une mise en garde des pharmaciens sur l’abus des spécialités à base de diphenhydramine et de dimenhydrinate.

Compte-tenu de ces éléments et après avis favorable de la Commission des Stupéfiants et Psychotropes du 12 février 2015, les spécialités Mercalm et Nausicalm ont été radiées de la liste des médicaments de médication officinale par décision du 13 octobre 2015.


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Par conséquent, ces spécialités ne doivent plus être en accès libre en officine, au même titre que la spécialité Nautamine qui n’était pas inscrite sur la liste des médicaments de médication officinale.

Par ailleurs, l’information sur les risques d’abus et de pharmacodépendance a été ajoutée et harmonisée dans le Résumé des Caractéristiques du Produit de ces spécialités.

Compte-tenu des risques d’abus et de pharmacodépendance des spécialités Mercalm, Nausicalm et Nautamine, l’ANSM demande aux professionnels de santé d’être particulièrement vigilants face à toute demande qui semblerait suspecte et émanant en particulier d’adolescents ou de jeunes adultes.