Sévère épidémie de gastro en Isère : l’eau en cause ?


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CC0 Public Domain /Pixabay
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Ces derniers jours une sévère épidémie de gastro a touché la commune de Vif, en Isère. Absentéisme anormalement élevé dans les écoles et dans les entreprises, pharmacies dévalisées ou bien encore recrudescence d’appels à destination des urgences ont logiquement alerté les autorités sanitaires régionales. Et si dans un premier temps rien d’anormal n’avait permis de remettre en cause la qualité de l’eau potable, c’est une version bien différente qui a fini par tomber ce dimanche 20 mars 2016.

Selon France 3 Alpes, les derniers prélèvements biologiques ont fait état de la présence d’un agent pathogène dans l’eau « potable » de la commune. L’eau aurait en effet été polluée par des bactéries de type coliforme d’origine fécale suite à l’épandage d’un champ.

Il est bien sûr vivement recommandé aux habitants de la commune de Vif (et ceux de la commune voisine de Saillants-du-Gua) ne pas consommer l’eau du robinet jusqu’à nouvel ordre. En attendant une distribution de bouteilles d’eau minérale a eu lieu hier en fin de matinée.

Les différentes pollutions des eaux distribuées (document InVS)

La pollution de l’eau distribuée peut être d’origine naturelle ou provenir d’activités humaines. Dans les deux cas, elle est microbiologique (bactérienne, virale ou parasitaire) ou chimique. De nombreuses sources de pollution peuvent expliquer l’arrivée d’une contamination au robinet du consommateur. La diversité des ressources en eau, les processus de traitement variés et le réseau de distribution en sont quelques exemples.


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Les pollutions microbiologiques

Les micro-organismes susceptibles de polluer les sources d’eaux proviennent en majorité des excréments humains ou animaux qui peuvent contenir des agents pathogènes pour l’homme. C’est le cas de Cryptosporidium  qui parasite les intestins de l’homme, du veau et de nombreux mammifères. Les parasites excrétés se retrouvent alors dans les sources d’eau et peuvent, en l’absence de filtration efficace, se retrouver dans le réseau d’eau de distribution. Contrairement aux bactéries, les parasites résistent à certains types de désinfectants utilisés dans le traitement de l’eau potable, notamment le chlore.

D’autres agents pathogènes d’origine entérique peuvent être transmis par l’eau : les virus de l’hépatite A ou E, ou encore Helicobacter pylori responsable de l’ulcère et du cancer de l’estomac.

Enfin, certaines bactéries de l’environnement peuvent coloniser les réseaux d’eau et causer des maladies, notamment chez des sujets fragilisés. Dans ces cas, l’infection n’est pas liée à l’ingestion mais se fait par contact au niveau des muqueuses ou des plaies (Pseudomonas aeruginosa) ou par inhalation (Legionella pneumophilla).

Les pollutions chimiques

Les polluants chimiques susceptibles d’avoir un effet néfaste sur la santé du consommateur d’eau peuvent provenir d’activités humaines (industrie, agriculture), être présents naturellement dans les sous-sols (cas de l’arsenic, du sélénium et de l’antimoine…), être produits lors du traitement d’eau potable ou de son transport (cas des sous-produits de désinfection, du plomb…).

L’arsenic peut avoir différentes origines. La majorité des concentrations excessives retrouvées au robinet du consommateur sont attribuables à la géologie, mais certaines industries ou activités agricoles peuvent contribuer à la pollution environnementale.

A partir des années cinquante, le développement des industries et l’intensification de l’agriculture s’accompagnèrent d’une utilisation massive de produits chimiques, causant une pollution croissante de l’environnement. La pollution industrielle (métaux lourds, solvants, produits dérivés du pétrole…) a été considérablement réduite par l’action des Agences de l’eau, créées en 1964, qui prélèvent des taxes sur la pollution dont le produit aide à financer la construction des stations d’épuration (Step) mais aussi les réseaux d’assainissement pour assurer la collecte et le transport vers les Step et les actions de lutte contre la pollution. Il subsiste cependant dans de nombreux sols et sous-sols les résidus des pollutions industrielles anciennes. En revanche, la pollution des eaux et des sols par les nitrates et les pesticides reste toujours actuelle.

La présence de résidus de médicaments dans les eaux de surface est de plus en plus évoquée. Les résidus de médicaments proviennent essentiellement des rejets des eaux résiduelles urbaines, des établissements de soins et des élevages intensifs.

Par ailleurs, des travaux montrent des perturbations endocriniennes (hormonales) sur la faune aquatique qui se traduisent par exemple par un déséquilibre dans la représentation des sexes.

Sources : France 3 Alpes, InVS