Journée Mondiale de la Pré-emclapsie – Enquête sur son impact psychologique


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La Journée Mondiale de la Pré-emclapsie c’est pour ce samedi 22 mai 2021. Et aujourd’hui il est temps d’arrêter de sous-estimer l’impact psychologique d’un tel événement sur les femmes !

Journée Mondiale de la Pré-emclapsie
CC0 Public Domain /Pixabay

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Des mamans qui passent du rêve d’une grossesse et d’un accouchement parfaits (peut-être trop idéalisés dans notre société actuelle) à un cauchemar, où la vie de leur bébé est en jeu, et la leur aussi d’ailleurs. Dans ces conditions, sans surprise, 87% ont ressenti de la peur et de l’angoisse, 85% un sentiment d’impuissance, de perte de contrôle, 76% de la culpabilité.

LA PRÉ-ÉCLAMPSIE, PARLONS-EN !

La pré-éclampsie touche environ 15 000 mamans chaque année en France, soit 2% des grossesses. C’est un syndrome dû à un mauvais ancrage du placenta, qui associe une hypertension artérielle et l’apparition anormale de protéines dans les urines. Il survient entre le 5e et le 9e mois de grossesse, et peut être la cause de grande, voire très grande, prématurité dans les cas précoces pour sauver la mère (en effet, il n’existe pas de traitement en dehors de l’arrêt de la grossesse). Ce syndrome peut évoluer rapidement et entraîner de nombreuses complications, certaines très graves comme le syndrome HELLP ou l’éclampsie, jusqu’au décès de la mère et/ou de l’enfant.

LES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE

L’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie vient de réaliser une nouvelle grande enquête auprès de 1000 femmes confrontées à l’une des plus graves pathologies liées à la grossesse.


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Verdict : si la pré-éclampsie sévère et/ou précoce a de fortes répercussions sur la santé physique des mamans et de leur(s) bébé(s), elle a également un impact psychologique important et qui peut s’installer dans la durée.

Pourquoi une enquête sur l’impact psychologique de la pré-éclampsie ?  Parmi les 7 500 personnes confrontées à ce syndrome au sein de nos communautés Facebook et Instagram, beaucoup nous ont parlé de l’angoisse, du stress dont elles ont souffert et de leur culpabilité. Avec Fabienne Cautru, psychologue clinicienne à la maternité de Port Royal et membre du comité scientifique de notre association, nous avons voulu en savoir plus.

Alors, que faire ? Il faut arrêter de sous-estimer l’impact psychologique d’un tel événement, arrêter les « Madame, ressaisissez vous » de certains membres du corps médical donneurs de leçons, et proposer un suivi plus adapté, dans la durée, à ces mamans.

La journée mondiale contre la pré-éclampsie, le 22 Mai 2021, est destinée à révéler cette pathologie afin que les femmes soient mieux suivies après avoir été touchées par ce syndrome.

Quel a été le parcours des mamans qui ont répondu ?

Leur parcours illustre les complications liées à la pré-éclampsie : 46% ont développé un syndrome HELLP (atteinte du foie), 22% ont fait un séjour en réanimation de 24h ou plus, 16% ont fait une éclampsie, 11% un hématome rétro-placentaire et près de 9% une insuffisance rénale. Un parcours donc plus sévère par rapport à l’ensemble des femmes touchées par la pré-éclampsie  (25% des pré-éclampsies donnent lieu à de graves complications ).

Ces mamans ont aussi été confrontées à des complications graves pour leur bébé  : retard de croissance in utero dans 43% des cas, prématurité pour 61% des mamans, hospitalisation du bébé en réanimation néonatale dans 49% des cas, décès du bébé pour 13% d’entre elles.

Seulement 19% ont eu la chance que leur bébé n’ait aucune complication.

Quelles ont été leurs réactions lors de l’accouchement et dans les jours qui ont suivi ?

Ces mamans passent du rêve d’une grossesse et d’un accouchement parfaits (peut-être trop idéalisés dans notre société actuelle) à un cauchemar, où la vie de leur bébé est en jeu, et la leur aussi d’ailleurs. Dans ces conditions, sans surprise, 87% ont ressenti de la peur et de l’angoisse, 85% un sentiment d’impuissance, de perte de contrôle, 76% de la culpabilité.

Dans les jours qui suivent l’accouchement, elles sont toujours 81% à ressentir de la peur et 85% de l’angoisse. Il est intéressant de noter que la peur touche toutes les mamans de la même façon, qu’elles aient souffert de complications de la pré-éclampsie ou pas.

Même sans aucune complication pour leur propre santé, elles sont 79% à être angoissées, et même pour celles dont le bébé n’a pas souffert de complications, l’angoisse est au rendez-vous pour 70% d’entre elles. La culpabilité est aussi forte, 78% en moyenne, et 83% pour celles dont le bébé a souffert de complications.

Dans les semaines et mois qui ont suivi, 96% repensent sans le vouloir aux évènements, 64% ont parfois le sentiment de revivre cet évènement, 78% ont le sentiment d’avoir échappé de peu à la mort, 54% ont eu des cauchemars suite à leur accouchement. Ce mal-être a aussi entraîné pour la moitié d’entre elles (51%) une difficulté à fonctionner (à accomplir les tâches de la vie quotidienne, à travailler, à s’occuper de leur bébé, de leurs autres enfants…) qui a duré longtemps (de quelques mois à plus d’un an dans 78% des cas).

Ces chiffres démontrent que le choc de ce qui leur est arrivé (à elles et/ou à leur bébé) est à l’origine d’une grande souffrance psychique, qui renvoie dans de nombreux cas à un trouble de stress post-traumatique en post-partum.

Par ailleurs, elles sont 49% à exprimer une tristesse et un repli sur soi, 20% des troubles de l’appétit, 10% des idées suicidaires et un grande détresse par rapport à leur enfant : 69% se sentent très coupables, 54% sont très anxieuses à propos de l’état de santé de leur enfant, et 25% se sentent incapables de s’occuper de leur enfant. Ces signes cliniques peuvent être révélateurs d’une dépression du post-partum.

Quelle prise en charge actuellement ?

44% des mamans disent avoir eu un entretien ou 2 avec un.e psychologue à l’hôpital, en majorité pendant leur hospitalisation. Mais leur utilité a été jugée limitée par près de la moitié (48%) de celles qui en ont bénéficié.

Notre hypothèse est que ces entretiens arrivent très tôt après le choc : les mamans pourraient ne pas avoir eu le temps de prendre le recul nécessaire pour en tirer parti, toujours dans la sidération par rapport à l’évènement. Son intégration psychique prend du temps et nécessiterait un suivi plus soutenu.

30% ont ainsi choisi d’engager une thérapie personnelle (avec un.e psychologue en libéral ou autre type de praticien).

Comment aller mieux pour ces mamans ?

Le cercle proche est extrêmement important, partenaire, parents, ami.e.s…

Mais les réseaux sociaux ont un rôle à jouer, positif : plébiscite de la lecture de témoignages d’autres mamans passées par là, pour 61% d’entre elles, comme nous le voyons sur les pages de l’association. Et à l’inverse, écrire et partager leur propre histoire a aidé 26% d’entre elles. Ces témoignages font qu’on se sent moins seule, aident à poser des « mots sur les maux », à partager une douleur ou à relativiser la sienne. Et pour 27%, d’autres mamans sur les réseaux les ont aussi soutenues.

Pour 26%, un professionnel de la psychologie, à la maternité ou en libéral, a été très utile.

A l’inverse, les mamans notent que le manque d’écoute peut freiner leur évolution : comme nous le lisons souvent sur nos pages, les partenaires, famille ou ami.e.s ne savent pas, ou ne peuvent pas les écouter ou les soutenir comme elles le souhaiteraient (respectivement 19% / 25% / 13%). C’est pour cette raison que les pages sociales de l’association offrent un soutien certain à celles qui ne peuvent l’avoir chez elles.

A noter, 35% ne se sont pas senties assez écoutées par le monde médical. Là encore, l’association veut faire bouger les choses en participant à la formation des médecins en leur faisant part des souffrances psychologiques des mamans.

L’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie peut encore mieux faire pour aider les mamans. Voici quelques pistes que nous nous engageons à étudier :

Continuer les témoignages de mamans, bien sûr. Mais aussi proposer des articles qui expliquent les souffrances psychologiques et comment aller mieux (60%), des groupes de paroles (57%), la mise en contact avec des psychologues spécialisé.e.s en périnatalité (42%), des interventions de psychologues en conférence ou en Live (33% et 29%).

www.grossesse-sante.org

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