Maladies infectieuses émergentes : l’Université de Corse au cœur de la prévention


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Depuis 2016, l’équipe d’accueil Bioscope Corse Méditerranée de l’Université de Corse mène des recherches sur l’hépatite E et les pathogènes liés aux tiques. Objectif : mettre en place un système d’alerte pour prévenir tout risque d’épidémie.

Maladies infectieuses émergentes : l'Université de Corse au cœur de la prévention
DarkoStojanovic/CC0 Public Domain/Pixabay

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Mieux connaître les maladies infectieuses pour mieux les combattre. Voilà l’objectif des recherches menées par l’équipe d’accueil Bioscope Corse Méditerranée de l’Université de Corse. Depuis 2016, cette équipe, antenne pour la région PACA et la Corse du réseau Sentinelles Inserm, est en charge du suivi épidémiologique et virologique de maladies infectieuses dans l’île. Les travaux de ces chercheurs portent plus particulièrement sur deux types de maladies dites « émergentes » : l’hépatite E et les pathogènes liés aux tiques.

« Nous observons ces phénomènes pour constituer des banques de données épidémiologiques, virologiques et sérologiques sur le territoire corse, indique Alessandra Falchi, directrice de l’EA Bioscope Corse Méditerranée. C’est essentiel pour analyser les causes de contamination et de transmission, afin de mieux comprendre la dynamique de ces maladies au sein des populations humaines et animales ».

En 2018, les chercheurs ont ainsi réalisé une étude de séroprévalence auprès de 1000 étudiants, personnels de l’Université de Corse et donneurs de sang corses, visant à évaluer le degré d’exposition de la population insulaire à 16 agents infectieux, dont notamment l’hépatite E, due à un virus entraînant une atteinte du foie. Objectif : déterminer des facteurs de risques ou protecteurs vis-à-vis de ces maladies infectieuses. Les premiers résultats obtenus ont d’ailleurs permis de démontrer que la Corse est particulièrement sujette à certains de ces phénomènes. En effet, près de 60 % de la population insulaire a déjà rencontré le virus de l’hépatite E, contre 22 % en moyenne à l’échelle du territoire national. « Certaines régions où l’on consomme beaucoup de produits à base de foie de porc présentent une séroprévalence assez forte, précise Alessandra Falchi. En revanche, en ce qui concerne la Corse et notamment la production du figatellu, nous avons observé que les élevages traditionnels qui sont pratiqués dans l’île avec un travail artisanal réduisaient le risque d’infection ».

À ce titre, les chercheurs diversifient leurs recherches dans le cadre de ce partenariat avec l’Unité des virus émergents Aix-Marseille, le réseau Sentinelles de l’Inserm et l’établissement français du sang, pour identifier d’autres facteurs de transmission du virus à l’homme, à l’instar de la consommation de l’eau.


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En parallèle, les recherches de l’équipe d’accueil Bioscope Corse Méditerranée de l’Université de Corse portent également sur les pathogènes liés aux tiques, au regard du vecteur de transmission qu’ils représentent. Depuis 2016, des travaux sont menés au sein des abattoirs corses en prélevant des tiques sur des peaux de bovins. Le but : analyser ces parasites pour mieux connaître les pathologies qui sont transmises par ces vecteurs. Ce projet scientifique a d’ailleurs permis d’identifier en Corse des pathogènes qui n’avaient pas été repérés en Europe jusque-là. Il faut dire d’ailleurs que l’île fait également office de porte d’entrée vers le continent européen pour certaines maladies en provenance des rives sud du bassin méditerranéen, qui pourraient s’y propager.

« Au regard de sa position géographique et de son caractère insulaire, la Corse est au centre de migrations humaines et animales, notamment à travers des oiseaux, explique Rémi Charrel, professeur en virologie médicale au Pôle Infectiologie de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. L’île peut-être à la fois un lanceur d’alerte pour l’Europe et une zone d’expertise. Il est donc important d’accompagner le développement du laboratoire de virologie de l’Université de Corse afin qu’il puisse jouer un rôle majeur en matière de surveillance ».

De ce point de vue, les objectifs de l’équipe d’accueil Bioscope Corse Méditerranée de l’Université de Corse sont clairs : à terme, il s’agit d’organiser un système d’alerte dans l’île permettant à la fois de mettre en place des mesures de prévention et de gérer localement une épidémie.

crédit/source : Università di Corsica Pasquale Paoli