Obésité : en 40 ans, dix fois plus de cas chez l’enfant et l’adolescent


ANNONCES

CC0 Public Domain /Pixabay

ANNONCES

Obésité et surpoids ne concernent malheureusement pas que le adultes. En 40 ans, les cas d’obésité chez l’enfant et l’adolescent ont ainsi été multipliés par dix selon l’OMS. Et les perspectives ne sont guère réjouissantes. En 2022, et si la tendance se poursuit, on estime que le nombre des enfants et des adolescents obèses dans le monde sera supérieur à celui des enfants dont le poids est insuffisant…

Telles sont les conclusions d’une nouvelle étude menée par l’Imperial College London et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L’étude a été publiée dans la revue The Lancet en prévision de la Journée mondiale de l’obésité (11 octobre). Elle a permis d’analyser les mesures du poids et de la taille de près de 130 millions de personnes âgées de plus de 5 ans (31,5 millions de personnes âgées de 5 à 19 ans, et 97,4 millions de personnes âgées de 20 ans et plus), soit le plus grand nombre de participants à une étude épidémiologique jamais atteint. Plus de 1000 personnes ont contribué à l’étude, qui s’est intéressée à l’indice de masse corporelle (IMC) et à la manière dont l’obésité a évolué dans le monde de 1975 à 2016.

Les taux d’obésité chez les enfants et les adolescents du monde entier sont passés de moins de 1% (équivalant à 5 millions de filles et 6 millions de garçons) en 1975 à près de 6% chez les filles (50 millions) et près de 8% chez les garçons (74 millions) en 2016. Combinés, ces chiffres équivalent à multiplier par 10 le nombre d’enfants et d’adolescents (âgés de 5 à 19 ans) obèses dans le monde. Leur nombre est passé de 11 millions en 1975 à 124 millions en 2016. En outre, 213 millions étaient considérés en surpoids en 2016 mais restaient en dessous du seuil de l’obésité.


ANNONCES

L’impact de la commercialisation des produits alimentaires

Le principal auteur de l’étude, le Professeur Majid Ezzati de l’École de santé publique de l’Imperial College London, précise: «au cours des quatre dernières décennies, les taux d’obésité chez les enfants et les adolescents ont grimpé en flèche dans le monde entier, et la tendance se poursuit dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Plus récemment, ils se sont stabilisés dans les pays à revenu élevé, mais les niveaux d’obésité restent toutefois inacceptables».

«Ces tendances inquiétantes reflètent l’impact de la commercialisation des produits alimentaires et des politiques dans ce domaine à l’échelle mondiale, avec des aliments sains et nutritifs trop chers pour les familles et les communautés défavorisées. La tendance laisse entrevoir une génération d’enfants et d’adolescents grandissant en étant obèses et exposés à un plus grand risque de maladies comme le diabète», ajoute le Professeur Ezzati. «Il nous faut les moyens de faire en sorte que les aliments sains et nutritifs soient davantage disponibles, dans les foyers comme dans les écoles, en particulier dans les familles et les communautés défavorisées, et des règlements et des taxes pour protéger les enfants des aliments nocifs pour leur santé.»

Plus d’enfants obèses que d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale d’ici 2022

Selon les auteurs, si les tendances observées depuis 2000 se poursuivent, les niveaux mondiaux d’obésité chez l’enfant et l’adolescent seront d’ici 2022 supérieurs à ceux de l’insuffisance pondérale modérée ou grave chez les jeunes du même âge. En 2016, le nombre des filles et des garçons d’un poids modérément ou gravement insuffisant était de 75 millions et 117 millions, respectivement, à l’échelle mondiale.

Néanmoins, le nombre important des enfants et des adolescents souffrant d’insuffisance pondérale modérée ou grave en 2016 (75 millions de filles et 117 millions de garçons) représente toujours un problème de santé publique majeur, en particulier dans les régions les plus pauvres du monde. Les chiffres reflètent la menace que représente la malnutrition sous toutes ses formes, puisque les jeunes souffrant d’insuffisance ou d’excès pondéral vivent dans les mêmes communautés.

Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, en Asie de l’Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes notamment, les enfants et les adolescents sont rapidement et majoritairement passés de l’insuffisance à l’excès pondéral. Selon les auteurs, cette situation pourrait découler de l’augmentation de la consommation d’aliments très énergétiques, en particulier de glucides hautement transformés, qui entraînent un gain de poids et des résultats sanitaires médiocres à long terme.

Le Dr Fiona Bull, Coordonnatrice du Programme pour la surveillance et la prévention en population des maladies non transmissibles (MNT) à l’OMS, déclare: «ces données soulignent, confirment et nous rappellent que le surpoids et l’obésité traduisent une situation de crise pour la santé mondiale actuelle, qui menace d’empirer dans les prochaines années si nous ne prenons pas rapidement des mesures draconiennes».

Des solutions existent

Conjointement à la publication des nouvelles estimations sur l’obésité, l’OMS publie un résumé du plan de mise en œuvre pour mettre fin à l’obésité de l’enfant. Le plan donne aux pays des orientations claires sur les mesures efficaces pour réduire l’obésité de l’enfant et de l’adolescent. L’OMS a aussi diffusé des lignes directrices appelant les agents de santé qui sont en première ligne à détecter activement et à prendre en charge les enfants qui sont en surpoids ou obèses.

Le Dr Bull ajoute: «l’OMS encourage les pays à déployer des efforts pour lutter contre les environnements qui aujourd’hui augmentent les risques d’obésité chez nos enfants. Les pays doivent en particulier viser à réduire la consommation de produits alimentaires bon marché, ultratransformés, fortement caloriques et pauvres en nutriments. Il convient aussi de réduire le temps que les enfants consacrent aux activités de loisirs sur écran et sédentaires en favorisant une plus grande activité physique par le sport et des loisirs actifs.».

 

Données mondiales sur l’obésité et l’insuffisance pondérale

En 2016, 50 millions de filles et 74 millions de garçons souffraient d’obésité dans le monde, tandis que le nombre des filles et des garçons souffrant d’insuffisance pondérale modérée ou grave était de 75 millions et 117 millions, respectivement.

Le nombre des adultes obèses a augmenté, passant de 100 millions en 1975 (69 millions de femmes, 31 millions d’hommes) à 671 millions en 2016 (390 millions de femmes, 281 millions d’hommes). On compte en outre 1,3 milliard d’adultes en surpoids, qui sont toutefois en dessous du seuil d’obésité.

Données régionales/nationales sur l’obésité, l’IMC et l’insuffisance pondérale

Obésité

L’augmentation des taux d’obésité chez l’enfant et l’adolescent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier en Asie, s’est récemment accélérée. Par ailleurs, l’augmentation de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent dans les pays à revenu élevé a ralenti et s’est stabilisée.

En 2016, c’est en Polynésie et en Micronésie que l’on constatait les taux d’obésité les plus élevés chez les garçons et les filles, les taux étant de 25,4% chez les filles et de 22,4% chez les garçons, ces régions étant suivies par le groupe des pays anglophones à revenu élevé, qui comprend les États Unis d’Amérique, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Irlande et le Royaume-Uni.

Les régions du monde où l’on constatait l’augmentation du nombre des enfants et des adolescents obèses la plus importante étaient l’Asie de l’Est, le groupe des pays anglophones à revenu élevé, le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

Nauru était le pays où la prévalence de l’obésité chez les filles était la plus élevée (33,4%), et les Îles Cook celui où elle était la plus forte chez les garçons (33,3%).

En Europe, les filles à Malte et les garçons en Grèce présentaient les taux d’obésité les plus élevés, représentant 11,3% et 16,7% de la population, respectivement. Les taux les plus faibles étaient constatés chez les garçons et les filles de Moldova, équivalant à 3,2% et 5% de la population, respectivement.

Au Royaume-Uni, le taux d’obésité chez les filles se situait à la 73e place mondiale (6e rang en Europe); et à la 84e place chez les garçons (18e rang en Europe).

Aux États-Unis d’Amérique, les filles occupaient le 15erang mondial et les garçons le 12e.

Parmi les pays à revenu élevé, les États-Unis d’Amérique avaient les taux d’obésité les plus élevés, filles et garçons confondus.

IMC

La plus spectaculaire progression de l’IMC chez les enfants et les adolescents au cours des quatre décennies a été constatée en Polynésie et en Micronésie pour les garçons et filles confondus, et en Amérique centrale pour les filles. L’augmentation la plus faible de l’IMC chez les enfants et les adolescents au cours des quatre décennies couvertes par l’étude a été observée en Europe orientale.

Le pays où l’IMC a le plus augmenté pour les filles est Samoa, avec une hausse de 5,6 points, et les Îles Cook pour les garçons, avec une progression de 4,4 points.

Insuffisance pondérale

Au cours de ces 4 décennies, l’Inde était le pays où la prévalence de l’insuffisance pondérale modérée ou grave était la plus forte (24,4% des filles et 39,3% des garçons avaient un poids modérément ou gravement insuffisant en 1975, et 22,7% et 30,7%, respectivement, en 2016). En 2016, parmi les enfants et les adolescents souffrant d’insuffisance pondérale dans le monde, 97 millions vivaient en Inde.