La codéine : cette « drogue » récréative inquiète les autorités sanitaires


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CC0 Public Domain /Pixabay

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La codéine est un anti-douleur bien connu mais qui est aussi et surtout en vente-libre dans les pharmacies. Le problème c’est qu’aujourd’hui son usage est de plus en plus souvent détourné à des fins récréatives par les jeunes. Associée à du paracétamol cela devient un drogue dont les effets peuvent être dramatiques ! Ainsi, et depuis le début de cette année 2017, on déplore 2 morts et 3 cas graves d’intoxication.

Et malheureusement le phénomène serait en train de s’amplifier selon Nathalie Richard, directrice à l’agence du médicament (ANSM) interrogée par le Parisien. Le phénomène prend même une telle ampleur que les autorités sanitaires réfléchissent désormais à en encadrer la vente.

« On réfléchit à la manière dont on peut mettre en place des mesures et mieux encadrer l’achat de médicaments codéinés chez cette population vulnérable (préadolescents et/ou jeunes adultes, ndrl) a t-elle notamment déclaré.

Et de rappeler que les pharmaciens ne sont pas tenus de vendre un produit s’ils ont des doutes. Reste le problème de la vente en ligne sur laquelle il va tout de même falloir sérieusement se pencher.


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Et si l’on ne connaît pas encore que les mesures que l’ANSM envisage de prendre, Nathalie Richard a déclaré au micro de France Info qu’elle préconisait « l’information des professionnels de santé, des médecins, mais également et surtout des pharmaciens ».

Le phénomène Purple Drank

Depuis quelques mois une boisson appelée « Purple Drank » fait un tabac chez les jeunes. Sauf que cette boisson, à base de sirop contre la toux, est une drogue qui peut avoir de lourdes conséquences.

Cette boisson est composée généralement de sirops à base de codéine, de prométhazine et de soda. Qualifiée d’artisanale, elle a fait l’objet de signalements d’abus et d’usage détourné en France. Mais le phénomène n’est pas nouveau puisque son émergence date de la fin des années 1990 aux Etats-Unis, où il constitue actuellement un problème de santé publique chez les jeunes.

La codéine est un opiacé indiqué chez l’enfant de plus de 12 ans et l’adulte dans le traitement symptomatique de la toux ou des douleurs d’intensité modérée à intense. La prométhazine est un antihistaminique H1 indiqué dans le traitement symptomatique des manifestations allergiques et en cas d’insomnies occasionnelles. Ces deux médicaments se présentent sous différentes formes utilisées pour la fabrication du « purple drank  » (comprimé, sirop et solution buvable).

Alors que les premiers signalements ont été rapportés au réseau d’addictovigilance1 de l’ANSM en 2013, une nette augmentation a été constatée depuis lors. Il s’agit de demandes de délivrance suspectes rapportées par des pharmaciens d’officine mais aussi de cas de dépendance ou d’abus ayant pu conduire à une hospitalisation.

Les symptômes décrits comprennent notamment des troubles de la vigilance (somnolence) et du comportement (agitation, syndrome confusionnel ou délirant) ainsi que des crises convulsives généralisées.

Ces cas concernent des garçons comme des filles, majoritairement des adolescents (dès 12 ans), mais aussi de jeunes adultes.

Compte-tenu de l’augmentation rapide et de la persistance des signalements de l’usage détourné de ces médicaments par une population particulièrement vulnérable, l’ANSM a diffusé une mise en garde aux pharmaciens, médecins généralistes, addictologues, urgentistes, pédiatres, médecins exerçant en centres de planning familial et en PMI, services de médecine scolaire et universitaire ainsi qu’aux professionnels exerçant dans les associations de prévention d’usage de drogues et de prise en charge pour les jeunes.

Il est ainsi demandé à ces professionnels de santé d’être particulièrement vigilants face à toute demande de médicaments contenant un dérivé opiacé ou un antihistaminique qui leur semblerait suspecte et émanant en particulier de jeunes adultes ou d’adolescents.

De la même manière, il est demandé aux professionnels accueillant des jeunes dans des structures de prévention d’être vigilants face à toute constatation d’usage ou toute attitude qui pourrait faire suspecter une consommation abusive de ces médicaments.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite donc mettre en garde l’ensemble des acteurs concernés par la prise en charge sanitaire ou sociale de jeunes publics sur l’usage détourné de ces médicaments délivrés avec ou sans ordonnance.