2 milliards de personnes boivent de l’eau contaminée


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CC0 Public Domain /Pixabay

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Moins de 3 semaines après que ce soit déroulée la Journée Mondiale de l’Eau, l’OMS nous alerte sur ces 2 milliards de personnes qui boivent aujourd’hui de l’eau contaminée. D’où la nécessité d’une augmentation majeure des investissements dans l’eau et l’assainissement…

Les pays n’augmentent pas assez rapidement leurs investissements pour atteindre les cibles en matière d’eau et d’assainissement dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), selon un nouveau rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au nom de l’ONU-Eau, le mécanisme interinstitutions de coordination des Nations Unies pour toutes les questions relatives à l’eau douce, y compris l’assainissement.

«Aujourd’hui, près de 2 milliards de personnes utilisent une source d’eau potable contaminée par des matières fécales, ce qui les expose au risque de contracter le choléra, la dysenterie, la typhoïde et la poliomyélite», indique le Dr Maria Neira, Directeur du Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé de l’OMS.

«On estime que l’eau de boisson contaminée est à l’origine de plus de 500 000 décès par diarrhée chaque année et représente un facteur majeur dans la propagation de plusieurs maladies tropicales négligées, parmi lesquelles les parasitoses intestinales, la schistosomiase et le trachome», ajoute le Dr Neira.


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Le rapport souligne que les pays ne parviendront pas à atteindre les objectifs mondiaux consistant à garantir un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement à moins que des mesures ne soient prises pour utiliser les ressources financières de manière plus efficace et redoubler d’efforts en vue d’identifier de nouvelles sources de financement.

Selon l’analyse et l’évaluation mondiales de l’ONU-Eau sur l’assainissement et l’eau potable (rapport GLAAS 2017), les pays ont augmenté leurs budgets alloués à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, en moyenne de 4,9% par an au cours des 3 dernières années. Toutefois, 80% des pays indiquent que le financement en faveur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène reste insuffisant pour atteindre les cibles définies au niveau national pour les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène.

Dans de nombreux pays en développement, les cibles nationales actuelles relatives à la couverture sont fondées sur l’accès aux infrastructures de base, lesquelles ne fournissent pas toujours des services sûrs et fiables, de façon continue. Les investissements prévus doivent encore tenir compte des cibles beaucoup plus ambitieuses des ODD, qui visent d’ici à 2030, à garantir l’accès à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement gérés en toute sécurité.

Selon les estimations de la Banque mondiale, pour atteindre les cibles mondiales des ODD, les investissements pour les infrastructures doivent tripler et atteindre 114 milliards de dollars (US $) par an, chiffre qui n’inclut pas les coûts de fonctionnement et d’entretien.

Alors que le déficit de financement est important, 147 pays ont précédemment clairement montré qu’ils étaient capables de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre la cible de l’objectif du Millénaire pour le développement visant à réduire de moitié la proportion de personnes vivant sans accès à des sources d’eau potable améliorées, et 95 pays ont atteint la cible correspondante relative à l’assainissement.

Les cibles beaucoup plus ambitieuses des ODD nécessiteront des efforts collectifs, coordonnés et novateurs pour mobiliser des niveaux encore plus élevés de financement provenant de toutes les sources: les taxes, les tarifs (versements et travail des ménages) ainsi que les transferts des donateurs.

«Nous sommes confrontés à un défi que nous pouvons relever», déclare Guy Ryder, Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT) et Président de l’ONU-Eau. «Des investissements accrus dans l’approvisionnement en eau et l’assainissement produisent des bénéfices substantiels pour la santé et le développement humains, permettent de créer des emplois et assurent de ne laisser personne de côté», ajoute t-il.

Autres conclusions du rapport

Les versements au titre de l’aide publique au développement consacrés à l’eau et à l’assainissement augmentent, mais les futurs investissements sont incertains.

Les versements (dépenses) au titre de l’aide publique au développement consacrés à l’eau et à l’assainissement ont augmenté entre 2012 et 2015, passant de 6,3 dollars (US $ ) à 7,4 milliards. Toutefois, les engagements pris en matière d’aide en faveur de l’eau et de l’assainissement ont baissé depuis 2012, passant de 10,4 milliardsde dollars (US $ ) à 8,2 milliards en 2015. Du fait de leur caractère pluriannuel, si les engagements devaient continuer de baisser, les dépenses futures risqueraient également de baisser.

Compte tenu du besoin plus important de progresser vers l’accès universel à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement gérés en toute sécurité, en vertu des cibles des ODD, la possibilité de futures réductions des versements au titre de l’aide va à l’encontre des objectifs mondiaux.

Étendre les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène aux groupes vulnérables est une priorité des politiques, mais la mise en œuvre prend du retard.

Plus de 70% des pays indiquent que leur politiques et plans en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène comprennent des mesures spécifiques pour atteindre les populations pauvres. Toutefois, la mise en œuvre de ces mesures concrètes prend du retard; en effet peu de pays indiquent être en mesure d’appliquer systématiquement des mesures de financement pour cibler les ressources destinées aux populations pauvres.

L’augmentation et le maintien de l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène pour les groupes vulnérables seront essentiels non seulement pour atteindre l’ODD 6 mais aussi l’ODD 3 visant à permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien être de tous à tout âge.

Le rapport GLAAS 2017 présente une analyse des données actualisées et les plus fiables provenant de 75 pays et de 25 organismes d’aide extérieure sur des questions relatives au financement de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement au titre des ODD.

L’eau potable et l’assainissement sont essentiels pour le bien être de l’homme, en protégeant la santé et les moyens de subsistance et en contribuant à créer des environnements sains. La consommation d’eau insalubre affecte la santé humaine en entraînant des maladies comme la diarrhée. En outre, les eaux usées non traitées peuvent contaminer l’approvisionnement en eau et l’environnement, faisant peser une lourde charge sur les communautés.

A propos de la journée mondiale de l’eau

Cette année les Nations-Unies ont choisi de mettre l’accent sur la gestion des eaux usées. Un enjeu souvent ignoré du grand public, mais pourtant essentiel pour notre quotidien comme pour notre avenir. L’occasion pour le Centre d’Information sur l’Eau de lever le voile sur la seconde vie de l’eau…

Les eaux usées, une réalité méconnue… mais essentielle

Chacun de nous identifie le service de l’eau au travers de gestes aussi simples qu’ouvrir son robinet pour boire un verre d’eau, prendre une douche ou disposer de toilettes. Cependant, une fois utilisées, les eaux « sales » évacuées via nos éviers, nos douches ou nos toilettes, entament un second parcours, bien moins connu mais tout aussi essentiel.

En France, les eaux usées sont collectées, acheminées dans des stations d’épuration et dépolluées avant d’être renvoyées dans le milieu naturel. Collecter et dépolluer les eaux usées, c’est tout à la fois assurer l’avenir pour nos ressources naturelles en eau, préserver notre environnement, notre cadre de vie, et protéger notre santé.
Cette situation privilégiée de notre pays, un Français sur deux l’ignore pourtant… (56% des Français ignorent que les eaux potables sont nettoyées en usine avant d’être rejetées, propres, dans la nature baromètre Tns-Sofres/CIEAU Les Français et l’eau 2016).

La face cachée du service de l’eau

Avec 17 000 stations d’épuration (Bipe 2015) et 380 000 kilomètres de réseaux de collecte des eaux usées (Les canalisateurs de France), la France a depuis longtemps pris conscience de cet impératif sanitaire et écologique. Elle a notamment pu s’appuyer sur le savoir-faire et la capacité d’innovation des professionnels de l’eau, pour se doter de systèmes d’assainissement performants.
En moyenne, la moitié du prix du service de l’eau payé par les Français est ainsi consacrée à l’assainissement des eaux usées.

Un défi majeur à l’échelle de la planète

Si la France compte parmi les pays privilégiés en matière d’eau et de gestion des eaux usées, il n’en va pas de même partout dans le monde. 2,4 milliards n’ont pas accès à un assainissement élémentaire de leurs eaux usées. Et l’ONU estime que 40% de la planète pourrait manquer d’eau d’ici à 2030.

La quantité d’eau disponible sur terre est invariable.
Le changement climatique, la croissance démographique ou le développement économique font que la quantité d’eau douce disponible pour chacun diminue de plus en plus.

Face à ce constat, la gestion des eaux usées est au cœur du défi d’un monde durable à inventer.

Le développement de systèmes d’assainissement performants est une nécessité incontournable pour préserver les ressources en eau de demain et protéger aujourd’hui la santé des populations : 2,6 millions d’humains meurent chaque année de maladies directement imputables à l’absence d’assainissement des eaux usées.

Un gisement de réponses pour l’avenir de l’eau

Grâce aux innovations technologiques, la gestion optimisée des eaux usées peut contribuer à répondre à cette question : comment fournir de l’eau à de plus en plus d’humains, aux besoins toujours plus importants, alors que la quantité disponible sur Terre ne changera pas ?

Rendre l’eau « durable », passe bien sûr par une consommation la plus maîtrisée possible, en évitant les gaspillages. Mais aussi par le développement de ressources en eau dites « alternatives ».

Le recyclage des eaux usées donne ainsi une seconde vie à l’eau. Tout autour de la planète, les exemples sont nombreux de réutilisation des eaux usées, en particulier pour le nettoyage des espaces publics, l’arrosage, voire l’irrigation ou le biogaz. Les eaux usées peuvent, demain, jouer un rôle majeur dans l’économie circulaire.

Une responsabilité de tous, chaque jour

Si la gestion des eaux usées représente autant un immense défi que de formidables opportunités pour la planète… n’oublions pas qu’en France, chacun d’entre nous a un rôle à jouer,
tous les jours, pour assurer un bon fonctionnement des installations d’assainissement des eaux usées et, ce faisant, protéger nos ressources naturelle en eau.
Ainsi, rapportons à la déchetterie :
• Les restes de désherbants ou d’engrais, les insecticides,
• Les fonds de pots de peinture ou de vernis,
Déposons à la pharmacie :
• Les médicaments non utilisés, entamés ou périmés
Jetons à la poubelle :
• Les lingettes qui bouchent les canalisations et altèrent le bon fonctionnement des stations de dépollution

L’avenir de notre eau commence par des gestes très simples !

Crédits/source : OMS/Centre d’Information sur l’Eau