Prescrits à de jeunes enfants, les antibiotiques augmentent les risques d’allergies


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: CC0 Public Domain / Pixabay
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Le saviez-vous ? Prescrits à de jeunes enfants, les antibiotiques augmentent les risques d’allergies alimentaires. Telles sont les conclusions d’une étude dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue spécialisée « Allergy, Asthma & Clinical Immunology »

Pendant de trop longues années, les antibiotiques ont été un peu trop « automatiques ». Et après une baisse de leur consommation, la tendance est repartie à la hausse suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires. Aujourd’hui des chercheurs américains (Université de Caroline du Sud) mettent en garde contre la prescription d’antibiotiques à des enfants âgés de moins d’un an…

Selon leur étude, la prise de traitements antibiotiques au cours de la première année de vie aurait pour conséquence de multiplier les risques de développer des allergies alimentaires. Et pas qu’un peu…

Avant d’en arriver à cette conclusion ils ont suivi 7.500 enfants dont 1.500 qui présentaient une ou plusieurs allergies alimentaires. Puis ils ont cherché à évaluer les effets des antibiotiques sur chacun des deux groupes.


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Verdict : les enfants qui avaient reçu un traitement antibiotique durant la première année de leur vie avaient 21 % de risque en plus que les autres d’être atteints d’une allergie alimentaire. Un chiffre déjà inquiétant qui a atteint 64% chez les enfants ayant 5 reçu au moins 5 traitements. Cela s’est surtout vérifié avec les céphalosporines et les sulfamides.

En cause selon les scientifiques : l’altération de la flore intestinale, les antibiotiques ayant pour effet de détruire les bactéries qui sont indispensables au bon fonctionnement de notre système digestif.

1 mort toutes les trois secondes en 2050 à cause de la résistance aux antibiotiques ?

L’occasion de revenir sur le cri d’alarme lancé au printemps dernier par l’économiste anglais Lord Jim O’Neill via une étude sur la résistance des antimicrobiens qui lui a été commandée par le gouvernement britannique. Selon lui, et si notre consommation ne baisse pas, les résistances aux antibiotiques (ou antibiorésistance) pourraient causer la mort de 10 millions de personnes supplémentaires chaque année, soit 1 mort toutes les 3 secondes en 2050.

Une fatalité ? Pas vraiment… Selon lui il est encore temps d’inverser la tendance à condition toutefois de mettre en place rapidement des mesures fortes, pour ne pas dire drastiques…

Via des campagnes de prévention, il suggère aux médecins comme aux vétérinaires de moins en prescrire. Car, et certains ne s’en rendent peut-être pas compte, mais ces antibiotiques se retrouvent, avoir été administrés aux animaux, dans la viande et dans les produits laitiers que nous consommons mais aussi dans l’environnement. Quant à la population « générale », elle n’est pas suffisamment informée des risques selon lui.

Parmi les autres mesures préconisées : la mise en place d’un fond de recherches de 2 milliard de dollars ou une incitation financière afin d’aider la recherche. Un laboratoire capable de mettre au point un nouvel antibiotique pourrait ainsi se voir récompenser d’une prime de 1 milliard de dollars.

« Il faut arrêter de prendre des antibiotiques comme des bonbons » a lâché Jim O’Neill tout en rappelant qu’à l’heure actuelle « 700 000 personnes meurent à cause de l’antibiorésistance chaque année »

Un message qui n’est pas nouveau

En 2013 une étude américaine publiée par les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) nous mettait déjà en garde contre ces résistances aux antibiotiques responsables de la mort de plusieurs milliers d’américains chaque année.

Rappelant que dans plus de la moitié des cas les antibiotiques n’étaient pas nécessaires, les chercheurs en avaient appelé à une véritable prise de conscience pour réduire cette consommation bien trop excessive.

En 2014 c’est l’OMS qui lançait une alerte mondiale sur ce sujet. « Sans une action rapide et coordonnée, le monde va faire face à une ère post-antibiotique dans laquelle les infections les plus fréquentes et les blessures les plus légères, qui étaient traitées durant des décennies pourront désormais tuer » avait alors averti le Dr Keiji Fukuda, directeur associé du département de sécurité sanitaire pour l’OMS.

« Les antibiotiques efficaces ont été l’un des socles qui ont permis aux hommes de vivre plus longtemps en bonne santé et de pouvoir bénéficier de nouveaux médicaments. À moins que nous n’adoptions des mesures strictes pour améliorer nos efforts et prévenir ces infections et aussi nos manières de produire, de prescrire et d’utiliser ces antibiotiques, le monde perdra progressivement ces bénéfices de santé publique et les implications seront terribles » avait-il poursuivi.