Pollution au diesel : les nanoparticules peuvent atteindre le placenta et le foetus


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CC0 Public Domain /Pixabay
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Lors des pics de pollution on recommande déjà aux femmes enceintes – mais aussi aux nourrissons et jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes asthmatiques, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires etc… de limiter les déplacements comme les activités physiques et sportives intenses.

Aujourd’hui une nouvelle étude confirme que les femmes enceintes doivent être plus vigilantes encore que les autres ! Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que les nanoparticules émises par les gaz d’échappement des véhicules diesel peuvent aussi atteindre le placenta et donc le sang des foetus.

Bref, et pour faire court, lors de pics de pollution aux particules fines, les femmes enceintes et leur(s) bébé(s) à naître sont en première ligne. C’est d’autant plus inquiétant alors que ces pics de pollution sont plus en plus fréquents et de plus en plus intenses.

Mais le message n’a rien de bien nouveau. Des données épidémiologiques récentes ont effet déjà révélé que les femmes enceintes exposées avaient plus de risques d’avoir des bébés de faibles poids, entraînant aussi des risques de développer certaines pathologies comme le syndrome métabolique.


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A l’heure actuelle, les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquents et intenses, en raison du nombre élevé de véhicules diesel dans le parc automobile européen. Ces particules fines (diamètre>100 nanomètres) sont soumises à réglementation (seuils d’information et d’alerte) mais il n’existe pas encore de réglementation pour les nanoparticules (diamètre <100 nanomètres) qui sont aussi présentes dans les gaz d’échappement diesel. Les femmes enceintes exposées à des concentrations élevées en particules fines, correspondant aux pics de pollution dans les grandes villes, ont plus de risques d’avoir un bébé en retard de croissance, c’est à dire de taille inférieure à la normale. On sait que les enfants de petit poids ont en général plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires à l’âge adulte et les données scientifiques indiquent que des effets sur la deuxième génération (petits enfants) seraient possibles.

Les premiers résultats d’un projet de recherche* coordonné par l’Inra montrent chez l’animal que l’exposition maternelle chronique aux gaz d’échappement de moteur diesel muni de filtre à particules (comme pour les voitures vendues en Europe) pendant la gestation entraine des effets délétères sur la croissance et le métabolisme des fœtus en première et deuxième génération. Les scientifiques établissent aussi pour la première fois que des nanoparticules de diesel inhalées sont capables de traverser la barrière placentaire et d’atteindre le sang fœtal.

Afin d’étudier les effets de la pollution, en particulier des particules ultrafines et les gaz nocifs (comme le monoxyde de carbone et les oxydes d’azote) présents dans les gaz d’échappement de moteur diesel dus au trafic routier dans les grandes villes, sur le développement du fœtus et du placenta en première et deuxième génération, les chercheurs ont suivi des lapines gestantes ayant inhalé des gaz d’échappement de moteur diesel filtrés (contenant seulement les particules ultrafines ou nanoparticules, comme pour les moteurs de voitures diesel) à des niveaux proches de l’exposition journalière de la population lors d’un pic de pollution aux particules fines dans les grandes villes européennes. Le lapin a été choisi car son placenta est plus proche du placenta humain que celui des modèles de souris habituellement utilisés.

A la moitié de la gestation, des signes de retard de croissance fœtal ont été observés. A terme, la longueur de la tête des fœtus était diminuée, associée à une réduction de leur tour de taille, en accord avec les observations faites chez l’Homme. Les échographies démontraient une forte diminution de l’apport sanguin au placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus.

Cette étude a associé l’Inra, l’Inserm, la Fondation PremUp, l’Université Grenoble Alpes, l’Université Paris Sud et l’Institute of Risk Assessment Sciences (Université d’Utrecht).

…. Pollution : du carbone dans les poumons des petits parisiens

L’occasion de revenir sur une autre étude publiée à l’automne dernier et menée par des chercheurs de l’Université Paris-Saclay, une étude qui nous révèle l’impensable : les poumons des enfants et ados parisiens contiennent du carbone et plus précisément des nanotubes de carbone. Inutile de vous préciser que les adulte doivent aussi trinquer. Avant d’en arriver à ce constat inquiétant ils ont analysé sur une période 5 ans les cellules des voies respiratoires de 64 enfants. Tous étaient asthmatiques et âgés de 2 mois à 17 ans. Verdict sans appel : ils ont trouvé des nanotubes de carbone dans les poumons des 64 enfants ! Beaucoup plus inquiétant encore puisque chez 5 d’entre-eux ces nanotubes de carbone ont été retrouvés dans les macrophages alvéolaires (ndrl : des cellules immunitaires des poumons).

Cité par le site « Les Echos », le Professeur Moussa, a expliqué que si ces nanotubes de carbone n’étaient pas directement toxiques, ils disposaient d’une large surface sur laquelle une grande variété de substances peut s’accrocher. D’autre part, et en raison de leur petite taille, ils peuvent facilement être absorbés par l’organisme. « Si une substance polluante s’y accroche, elle bénéficie du voyage jusque dans les poumons et peut même traverser les membranes cellulaires » a t-il précisé.

Ces nanotubes de carbone sont similaires à celles présentes dans les gaz d’échappement de véhicules parisiens…