Anorexie : plaisir de maigrir ou peur de grossir


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 CC0 Public Domain /Pixabay
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Anorexie : plaisir de maigrir ou peur de grossir ? On pense visiblement à tort que l’anorexie mentale s’explique par la peur de prendre du poids. Sauf qu’aujourd’hui des scientifiques français – Inserm,  Université Paris Descartes et Centre Hospitalier Sainte-Anne – suggèrent une toute autre hypothèse.  Selon l’étude qu’ils viennent de mener l’anorexie mentale ne serait pas expliquée par une peur de prendre du poids, mais par le plaisir d’en perdre… et cela serait génétiquement influencé. Publiée dans Translational Psychiatry, cette étude dirigée par le Pr Gorwood, chef de service de la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale, remet en question la notion de peur de prise de poids chez les patients anorexiques.

Très souvent associée à une souffrance psychologique majeure, l’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui affecte majoritairement les jeunes filles. Le diagnostic repose sur trois critères internationaux : la présence d’une restriction alimentaire menant à la perte de poids, une perception déformée du poids et du corps et une peur intense de grossir.

Alors qu’il n’existe aucun traitement pharmacologique, l’équipe du Pr Philip Gorwood s’est intéressée à ces critères cliniques. Comme l’explique le chercheur : « Lorsque la recherche piétine, il est important de remettre en question les critères qui sont à la base même du trouble. Nous avons donc ré-évalué le dernier critère, pourtant bien présent dans le discours des patientes, en faisant l’hypothèse qu’il s’agirait d’un reflet en miroir de ce qui est réellement impliqué, c’est-à-dire un effet récompense de la perte de poids. Nous avons établi le postulat que les patientes ressentaient le plaisir de maigrir plutôt que la peur de grossir.»

Afin de ne pas être influencé par le discours et l’analyse qu’ont les patients de leurs difficultés alimentaires, les chercheurs ont utilisé un test de « conductance cutanée » qui mesure le taux de sudation de la peau du sujet exposé à diverses images. L’émotion provoquée par certaines images entraine en effet une augmentation de la transpiration, rapide et automatique.


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Les chercheurs ont montré des images de personnes de poids normal ou en surpoids à 70 patientes, consultant à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME) du Centre hospitalier Sainte-Anne. Chez ces patientes, de poids variés et présentant divers degrés de sévérité de la maladie, la vision de ces images provoquait à peu près la même réaction que les sujets sains. A l’inverse, face à des images corporelles de maigreur, les patientes présentaient des émotions évaluées comme positives tandis que les sujets sains n’avaient pas de réaction particulière.

L’anorexie est un trouble qui a une forte héritabilité (70%). Un des gènes les plus souvent associés à l’anorexie mentale code pour le BDNF, un facteur impliqué dans la survie des neurones et la neuroplasticité. Dans le cas des patientes souffrant d’anorexie mentale, l’étude indique que l’augmentation de transpiration face aux images de maigreur corporelle s’explique par la présence d’une forme (allèle) spécifique du gène en question. Ce résultat a été confirmé après examen des variables potentiellement confondantes telles que le poids, le type d’anorexie, ou encore l’ancienneté du trouble.

Les conclusions de ce travail :

– renforcent l’approche génétique comme manière d’aborder différemment les symptômes clés de l’anorexie mentale ;

– orientent les travaux de recherche sur les circuits de récompense plutôt que d’évitement phobique,

– enfin, elles suggèrent que certaines approches thérapeutiques pourraient avoir un bénéfice net sur cette pathologie, telles que la remédiation cognitive et la thérapie en pleine conscience

Source : Communiqué de presse Inserm

Trop de réseaux sociaux, risque accru de troubles alimentaires ?

L’occasion de revenir sur une étude publiée le mois dernier et selon laquelle l’abus de réseaux sociaux pourrait avoir une influence sur les troubles alimentaires, qu’il s’agisse d’anorexie, de boulimie ou de l’apparition de complexes…

Selon cette étude dont les résultats ont été publiés en mai dernier dans la revue Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics , abuser des réseaux sociaux augmenterait le risque de développer des troubles alimentaires.

Avant d’en arriver à cette conclusion des chercheurs de l’université de Pittsburgh (Etats-Unis) ont interrogé 1765 jeunes adultes, tous âgés de 19 à 32 ans. Ils ont bien sûr été invités à renseigner leurs habitudes en ce qui concerne leur utilisation des réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Youtube, Instagram, Snapchat…etc. Puis ils se sont intéressés aux éventuels troubles alimentaires qu’ils pouvaient rencontrer.

Verdict sans appel : parmi les participants à l’étude, ceux passant le plus temps sur les réseaux sociaux avait jusqu’à 2.6 fois plus de risque que les autres de développer des troubles alimentaires. Cela s’est vérifié quelque soit l’âge, le sexe ou la condition sociale.

« Les résultats de cette étude indiquent une association forte et cohérente entre usage des réseaux sociaux et troubles alimentaires » ont déclaré les auteurs de l’étude.

Pour tenter d’expliquer ce phénomène ils ont aussitôt rajouté « Les réseaux sociaux associent de nombreux aspects visuels des médias traditionnels en plus d’offrir la possibilité d’interagir avec d’autres et de propager des stéréotypes pouvant aboutir à des troubles alimentaires et des complexes ».

Est-ce que le simple fait de voir les photos des autres peut ainsi influencer notre comportement et nous donner des complexes ? C’est une explication possible et sur laquelle les scientifiques entendent bien continuer de travailler. En même temps, on pourrait dire la même chose avec tous ces corps « parfaits » qui s’affichent dans nos magazines, dans les publicités, les films… non ?